The Transat CIC (Lorient - New York), départ dimanche à 13 h 30Le début d’année a été mouvementé pour Clarisse Crémer et Tanguy Le Turquais, un temps soupçonnés de tricherie sur le Vendée Globe 2020-2021. En mars, les deux skippers ont été blanchis par un jury international. Ils sont de retour sur les pontons lorientais pour prendre le départ de The Transat CIC. « Je me suis faite à l’idée que je partais pour deux transats. On est un peu charrette en timing. Ma préparation a été un peu chamboulée, ça n’a pas été simple. L’objectif avant même cette histoire, c’était de finir les deux transats (*). C’est encore plus vrai », raconte la skipper de « L’Occitane en Provence », qui a besoin de milles pour la qualification au Vendée Globe.
« Je suis toujours content de prendre un départ »
Son skipper de mari, Tanguy Le Turquais, est aussi là pour valider les modifications qu’ils ont effectuées cet hiver lors d’un chantier minutieux : « Cette course, qui me fait rêver depuis des années, arrive très tôt dans la saison. C’est un bon test pour fiabiliser les bateaux dans un temps hyper court en vue du Vendée Globe. On sait que ça va être dur. C’est le dernier test grandeur nature ».
Tous les deux ont envie de faire la course et de naviguer. « J’aimerais bien me concentrer seulement sur le côté sportif mais le cerveau n’est pas magique et ce n’est pas aussi facile que ça », confie Clarisse Crémer qui enchaîne : « Je me raccroche à mon envie initiale, c’est juste que j’ai quand même été très très affectée par tout ce qui s’est passé. Du coup, j’ai une énergie qui est limitée. J’ai envie de me retrouver toute seule en mer ». Le skipper de Lazare aussi : « Tout le monde n’est pas d’accord avec moi et je le comprends mais ça me stresse un peu. Je ne viens pas sur les pontons avec le cœur aussi léger qu’avant. Maintenant, est-ce que ça perturbe mon envie de faire du bateau ? Non ! Je suis toujours aussi content d’aller prendre un départ ».
« Il faut retrouver la passion, l’envie »
Les regards ont changé. Ils le savent. Tout le monde a eu son avis, son jugement : « Revenir n’a pas été si compliqué. En vrai, je vis un peu ma vie. Moi, j’ai la tête haute. Ce n’est pas le moment d’aller régler ses comptes quelques jours avant une course. Forcément, il y a certaines conversations que je n’ai pas le temps ni l’énergie d’avoir. Même s’il y a une partie de moi qui en aurais très envie. Je suis concentrée sur mon bateau, sur mon équipe », poursuit celle qui a terminé 12e du dernier Vendée Globe.
Le jour du briefing, Tanguy Le Turquais avait la boule au ventre : « Quand je suis arrivé, c’était la première fois que je revoyais tous les skippers depuis cette histoire. J’avais un petit peu peur. Je n’avais aucune raison d’être mal à l’aise parce que je suis droit dans mes bottes mais ce n’est pas si simple. J’ai un peu recherché dans le regard des gens qui nous ont forcément jugés à tort ou à raison, qui ont forcément parlé de nous, s’il y avait de la bienveillance ou pas, j’ai essayé de tendre des mains… »
Dimanche à 13 h 30, les 33 solitaires prendront la mer, tous concentrés pour aller affronter les 3 500 milles entre Lorient et New York, mais pas tous le cœur si léger. « Quand tu es un peu chamboulée dans ta vie professionnelle, tu as tendance à tout mettre dans un même sac. Il faut retrouver la passion et l’envie qui est là mais elle a quand même été amochée », poursuit celle qui s’est entraînée en Angleterre. « La voile, ce n’est pas magique, il faut travailler, s’entraîner et là, j’ai été beaucoup détournée du truc important ces deniers temps. Je veux juste terminer ces deux courses et me prouver que j’ai toujours la magie dans la tête ».
(*) The Transat CIC, départ dimanche de Lorient ; New York - Vendée, départ le 29 mai.